Mode d’emploi

Le Cosmicbow est un instrument très facile d’accès si bien qu’on peut déjà en jouer après seulement quelques minutes de prise en main !
Même quelqu’un qui n’a aucune expérience ni connaissance de la musique peut en jouer sans problème
(cela peut même être un avantage pour une approche libre de toute grille pré-établie), et devenir rapidement totalement autonome.
Mais attention, facile d’accès ne veut pas dire limité, que non, c’est un instrument qui tient dans la durée, et avec lequel on évolue sans cesse, dans un subtil équilibre entre simplicité, fluidité, abandon
et complexité. Donc, instrument ouvert à tous, et pas de lassitude possible tant qu’on aime explorer de nouveaux espaces !

Toutes les cordes sont accordables avec des mécaniques de guitare.
J’utilise le plus souvent une fine baguette de bois pour percuter les cordes,
mais on peut aussi les pincer ou jouer avec un médiator… Et encore plein de choses à expérimenter !
La vibration de chacune des notes passe dans le bois.
On pose alors les lèvres sur la cuillère, plus fine, de manière à laisser un espace pour la sortie du son sur la gauche quand on est droitier,
et sur la droite quand on est gaucher (voir photos et vidéo juste en dessous).
Les lèvres inférieures et supérieures restent toujours en contact avec la cuillère
(inutile d’ouvrir la bouche en grand, le son n’en sera pas plus fort,
mais au contraire, cela produirait une fuite, comme un robinet trop gros enlèverait la pression)
tandis que le côté est entrouvert et laisse échapper les harmoniques.
Les modulations se font alors à plusieurs niveaux : souffle, gorge, langue, et tout ce qui peut se mouvoir à l’intérieur, et lèvres.
(même principe que la guimbarde, avec plus de liberté de mouvement : rebonds, mouvements des lèvres et des mâchoires).

Par exemple sur un 4 cordes, je ne laisse pas sonner les 4 cordes (bien qu’elles soient percutées toutes les quatre en continu),
mais 3 seulement (parfois 2), la quatrième étant étouffée, soit par le pouce pour celle de gauche, soit par le majeur (ou l’index) pour celle de droite
(ou l’inverse si on tient le Cosmicbow avec le pouce sur la droite ou si on est gaucher).
J’étouffe alternativement la corde de gauche, et la cordes de droite, ce qui fait deux accords
avec les deux cordes du milieu (par exemple) qui sonnent en continu.
C’est ce mouvement alternatif qui donne le balancement, et nous fait passer d’un son linéaire à une musique riche et complète qui avance en spirale…
Pareil pour les instruments à 5, 6, 7 ou 8 cordes, sauf que pour les 6, 7 et 8 cordes,
il faut en étouffer au moins 2 de chaque côté, et pour certains accords, 3 de chaque côté.
Avec le 5 cordes, on peut en étouffer une seule (plus cosmique), ou deux (plus transe), mais là encore, ça dépend des accords.
Entre les différents rythmes, enchaînements et possibilités de jeux, il y a, avec quatre cordes, un grand nombre d’accords possibles,
chacun débouchant sur un paysage sonore différent, si bien qu’avec un seul mode de jeu, même basique, il y a beaucoup de choses à explorer.
Avec le 5 cordes on va encore plus loin dans le cosmique, et il y a aussi beaucoup d’accords merveilleux à trouver !
Et le 6 cordes c’est encore autre chose, car on peut jouer sur deux accords qui n’ont aucune note en commun,
ce qui fait un écart encore plus grand dans le balancement.
Chaque instrument est comme un être vivant, c’est à dire qu’il a son caractère propre, sa façon spécifique de réagir, donc le choix de l’instrument aussi va orienter un certain type de jeu.

ACCORDAGE :

Des dizaines d’accords sont possibles, et chacun nous entraîne sur de nouveaux paysages, parfois doux, joyeux, mélancoliques, cosmiques etc…
Il convient de ne pas négliger le réglage avant de jouer, car si l’accord n’est pas bien réglé,
au mieux on ne va pas très loin, et au pire, on se met tout de travers.
Lorsqu’on a trouvé un bel accord, il est bon de le sauvegarder, soit en l’écrivant (pour ceux qui écrivent la musique ou qui ont un accordeur),
soit en l’enregistrant sur un dictaphone note par note.
Il peut arriver que l’on trouve de très beaux accords qui ne rentrent pas dans la grille de la musique « écrite », et qui sont pourtant harmonieux,
ce pourquoi j’encourage les gens à se confier à leur seule oreille, à leur sens de l’harmonie,
ce qui paradoxalement offre beaucoup d’espace et de liberté, bien à l’abri du savoir toujours plus ou moins confiné dans la sphère du connu…
Peut-on vraiment aborder l’inconnu en se basant sur le connu ?

Si le son n’est pas convenable, c’est soit parce que les cordes sont sur-tendues ou sous-tendues, soit que l’instrument est mal accordé.

Pour une approche simple et intuitive:

On choisit la première note sur la corde grave de gauche (au feeling ou comme on veut),
puis on règle la suivante jusqu’à ce qu’elle sonne bien avec la première. Pour affiner le réglage,
percuter ces 2 cordes en même temps (sans laisser sonner les autres). Chacun a un sens de l’harmonie, de ce qui est beau et juste…
c’est cela qu’il faut suivre…suivre l’oreille et le cœur, et laisser tout le reste pour n’être qu’écoute.
Quand les 2 premières cordes sont accordées, faire de même avec la troisième, puis la quatrième.
Il se peut qu’en cours de route, il faille réajuster la tension d’une corde car l’instrument a pu bouger légèrement sous la tension des dernières cordes.
Une fois que les quatre cordes sont accordées, vérifier que la corde grave de droite fonctionne avec les 2 aiguës en les frappant simultanément
tout en empêchant la corde grave de gauche de sonner (en posant un doigt dessus), puis faire sonner la corde grave de gauche avec les 2 aiguës
tout en bloquant la corde grave de droite (inverser pour les gauchers).
Vérifier par ce mouvement alternatif que les deux accords de 3 cordes (ou plus selon l’instrument) fonctionnent ensemble…
Pour un 5 cordes même principe, avec une corde en plus au milieu

Ça y est ? Alors c’est parti !

Moduler les harmoniques :

Les cordes de l’instrument remplacent nos cordes vocales, qui sont inactives pendant qu’on joue.
Il y a toute une gamme d’harmoniques aiguës et graves, d’effets et de modulations que l’on peut faire alternativement et/ou simultanément.

Le simple fait de parler implique des mouvements complexes à l’intérieur de la cavité buccale…
Sons de gorge, claquements de la langue sur le palais, etc, etc…y compris la gestion du souffle qui sert à aspirer des syllabes,
ou à projeter des lettres ou des mots avec force… et tant d’autres variations subtiles accomplies dans l’espace d’une seule phrase…
Nous le faisons naturellement, sans y penser, en toute fluidité…
Le simple fait de parler implique déjà une grande maîtrise du son, donc l’idée que nous ne savons pas faire est fausse.
Il faut explorer les harmoniques avec notre maîtrise de la parole, même si c’est un autre «langage»,
nous avons tous déjà un haut niveau de pratique en ce qui concerne les mouvements, modulations et variations de la cavité buccale.
Sachant cela, on peut laisser tomber les idées fausses car elles peuvent bloquer le son (tant qu’on y croie).
C’est à la fois instinctif et intuitif, ça coule de source en fait !
Laisser couler le son est une chose naturelle tout autant que de respirer.
On peut viser juste, et revenir sur une harmonique bien précise sans avoir à y « penser »,
comme on parle sur un certain ton pour exprimer un sentiment.
Selon moi, il importe de suivre avant tout la mélodie, le fil conducteur de la musique,
les effets doivent servir la mélodie et non l’inverse. Si on suit la mélodie, les mélodies, on ne se perd pas.

Prise en main de l’instrument :

Le Cosmicbow avec cuillère harmonique se tient à la verticale et non à l’horizontale comme le classique,
les vibrations sont captées au niveau de la cuillère…
et il est muni d’une poignée en cuir permettant de le porter sans y penser.


La poignée :


Le jeu avec la main gauche (ou droite pour un gaucher):
On touche la corde afin de l’empêcher de sonner, inutile d’appuyer dessus, un simple contact suffit.
Ensuite on libère la corde puis on vient appuyer sur celle de l’autre extrémité.

Pour un 4 cordes par exemple:
Pendant que le pouce touche une des cordes graves pour l’empêcher de sonner, on joue sur les 3 (et plus pour un 5 ou 6 cordes)
autres cordes qui forment ensemble un accord. Puis, on lâche le pouce, ce qui libère la corde muette, et au même moment,
on touche l’autre corde grave avec le majeur ou l’index, ce qui nous envoie sur un autre accord de 3 notes (et plus selon de nombre de cordes de l’instrument).
Les deux cordes aiguës sonnent en permanence, ce qui crée un lien entre les deux accords.
Ce mouvement alternatif peut être joué de toutes les façons possibles.

Position de la main pour étouffer une corde :

La même chose mais cette fois en étouffant deux cordes à la fois :

Et avec un 6 cordes (idem pour 7 et 8 cordes), on étouffe minimum 2 cordes, parfois 3 :

Et pour ceux à qui cette position de la main ne conviendrait pas, il est aussi possible d’inverser,
c’est à dire que le pouce, au lieu d’être dirigé vers l’extérieur, est dirigé vers l’intérieur :

La position de la bouche :

Les lèvres inférieure et supérieure sont en permanence en contact avec la cuillère, tandis que le côté s’entre-ouvre pour laisser échapper les harmoniques.
Laisser le corps trouver sa meilleure position ainsi que le meilleur endroit pour capter les harmoniques.

Au niveau de la rythmique, on peut commencer par percuter les cordes comme un métronome.
Un mouvement simple et régulier permet de mieux se concentrer sur les harmoniques et la mélodie.
Même si on ne laisse sonner que trois cordes à la fois (ou deux), il faut toujours percuter toutes les cordes.
Par la suite, toutes sortes de rythmes sont possibles, qui peuvent être enrichis par des rebonds de la baguette sur les cordes,
lesquels sont obtenus en appuyant légèrement la baguette puis en la laissant rebondir sur les cordes.

Comment ça marche ?

Une petite démo avec un 6 cordes :

Une autre petite démo avec un 4 cordes :

Quant au modèle dit « classique » il fonctionne de la même manière à la différence qu’il n’a pas de cuillère et se tient non pas en position verticale mais horizontale, et la bouche se positionne juste après le départ des cordes:

ENTRETIEN :

Même après 20 ans de séchage, le bois continue de vivre et de travailler avec les variations de températures et d’humidité.
Il convient de veiller à maintenir (tant que faire se peut) l’instrument dans un environnement le plus stable possible.
Éviter de le laisser près d’une source de chaleur, comme un feu de cheminée, un radiateur ou dans une voiture au soleil…
A savoir que ce qui fait travailler le bois est avant tout la sécheresse de l’air, qui, avec la chaleur, le pousse à se rétracter.
Donc, une très légère humidité dans l’air est bénéfique, mais il vaut mieux éviter une forte humidité comme la rosée du matin
(pour ceux qui aiment bien dormir en pleine nature, ou dans ce cas, le mettre dans une housse)…
Cela dit, j’en ai trempé un, immergé même, dans une cascade pendant plusieurs minutes, et il se porte très bien !

L’instrument est traité avec un vernis à l’huile et résines naturelles de ma fabrication et j’ajoute de l’huile essentielle de Tulsi (Basilic Sacré) dans tous mes vernis, car c’est une plante très bénéfique et lumineuse que j’aime beaucoup. Ce vernis naturel pénètre la fibre du bois et forme une couche imperméable et respirante,
ce qui atténue grandement les écarts d’hygrométrie et de température, et en même temps permet de sentir le bois. Quand on n’en joue pas, le mieux est de le garder dans sa housse, ou, à défaut, dans un tissu épais.

Ne pas mettre l’arc en surtension. Il faut sentir la tension idéale qui le fait sonner au mieux.
Certains sonnent mieux en grave, d’autres en médium ou en aigu.
Mais une surtension affaiblirait les cordes (et la résonance) surtout les graves dont l’âme est plus fine,
qui doivent avoir une relative souplesse pour supporter les percussions de la baguette (selon le poids de la baguette).

On peut appliquer de l’huile de lin bio alimentaire (attention à l’huile de lin vendue dans le commerce, car elle contient parfois du plomb !)
sur l’embouchure de temps en temps, un tout petit peu avec le doigt, puis on enlève l’excédent avec un chiffon et on laisse sécher,
ou « siccativer » (durcissement par oxydation). Ceci aidera à ce que le vernis de l’embouchure ne se corrode pas.
Mieux encore, on peut faire fondre de la cire d’abeilles et y mélanger un peu d’huile de lin
afin de faire un baume de cire tendre (dans ce cas, pareil, on en met une fine couche qu’on essuie bien bien)
attention avec l’huile de lin, il arrive qu’un chiffon imbibé d’huile de lin s’enflamme par oxydation,
alors pour éviter ça, le mieux ensuite, c’est de mettre le chiffon dans un pot en verre fermé.

Quand les cordes sont trop vieilles, le son devient mat (surtout les cordes filées),
Faut pas hésiter à changer les cordes quand c’est comme ça, et avec les nouvelles cordes, le son va briller de nouveau.

CHANGEMENT DES CORDES :

Les références des cordes sont données avec l’instrument.
C’est très simple !
Il suffit de retirer l’ancienne corde, et de replacer la nouvelle selon le même schéma.
Les cordes de guitare ont une petite boule (celle qui vient se caler dans le trou au niveau de l’embouchure),
enfiler la corde, puis faire passer l’autre bout dans le trou de la mécanique, ensuite, avant de l’amorcer,
veiller à laisser du jeu (Pouvoir écarter la corde à environ 10 cm du manche) afin de pouvoir faire plusieurs tours autour du bras de la mécanique.
A partir de là on peu commencer à tourner la mécanique jusqu’à obtenir la bonne tension.
Veiller à ce que les cordes soient toutes à la même hauteur.
Si on change les 4 cordes d’un coup, ce qui est peu probable,
veiller à ne pas perdre la (ou les) petite(s) pièce(s) de bois qui surélèvent les cordes (sillet/chevalet),
et les replacer exactement comme à l’origine, car elles jouent un rôle essentiel dans le son de l’arc.
En général, si on change toutes les cordes, on en laisse une et on met la première, puis on enlève l’ancienne corde,
comme ça il y en a toujours une qui tient le sillet…

Si vous choisissez d’autres diamètres de cordes, vous risquez de vous retrouver avec une casserole, voire d’endommager l’instrument.
Attention aux yeux en tendant ou détendant les cordes (c’est parfois à ce moment que ça casse) garder la bonne distance, on ne sait jamais…

Je vous conseille de toujours avoir des cordes de rechange, histoire d’avoir des munitions… au cas ou… Un dimanche… Ou en pleine montagne…