Le Cosmicbow est un instrument de musique harmonique de ma création (marque déposée), qui a vu le jour en automne 2008. Il fait partie de la famille des arcs musicaux, et plus particulièrement des arcs-en-bouche. Il est doté de 3 à 10 cordes accordables. La façon d’en jouer m’est venue un peu avant, sur un arc à deux cordes, et m’a permis de sortir d’un mode de jeu linéaire, m’ouvrant ainsi les portes du mouvement, comme un unijambiste qui se retrouverait tout à coup avec ses deux jambes… Ce mouvement alternatif évoque aussi la rame de la pirogue, un coup à gauche, un coup à droite, mais toujours dans l’axe… On avance…
Je fabrique les Cosmicbows dans plusieurs essences, souvent assemblées dans un même instrument. Mes priorités sont la richesse du son, des harmoniques et une longue résonance……. . . . . . . . . Cet instrument et la façon d’en jouer sont nés tout d’abord de ma rencontre avec le Moungongo, arc en bouche ancestral des pygmées du Gabon, puis de plusieurs années de recherches, et de l’inspiration qui est venue par vagues successives, comme un courant béni, qui tout à coup nous traverse, nous embrase, et nous remplit d’infini… ce courant mystérieux et sauvage, peuplé de lumière, qui nous prend par surprise et disparaît subitement, ne laissant derrière lui qu’une immense gratitude… Depuis, le Cosmicbow n’a eu de cesse d’évoluer… et nous évoluons ensemble, comme un seul être…
Un peu comme pour la guimbarde, c’est la bouche qui sert de caisse de résonance, mais avec plus de mobilité au niveau des mâchoires et des lèvres, et aussi la possibilité de chanter tout en continuant de percuter les cordes avec la baguette… Étant donné que toutes les cordes sont accordables, il suffit de régler le Cosmicbow sur un autre accord pour se retrouver avec un autre instrument entre les mains, à explorer d’autres paysages… Chaque accord étant une clef qui ouvre une porte et plusieurs directions (selon la façon de jouer sur différents rythmes)… et il y a des dizaines d’accords différents possibles sur un même instrument… pour explorer des territoires inconnus, vierges et sauvages, de la nature du son, de notre propre nature… On peut y plonger sans rien en connaître, juste suivre l’oreille, et le cœur.
L’arc symbolise le pont qui mène d’une rive à l’autre, de l’humain au Divin, du banal au sacré, de la lumière du soleil à la lumière cosmique qui est en nous… du temporel à l’intemporel… et c’est cette lumière de l’esprit qui émerge et se manifeste à travers le son, au delà de toute formule descriptible. L’arc, c’est aussi la course du soleil, un nouveau jour, un nouveau commencement… car l’énergie de l’esprit est celle de l’instant présent, de la spontanéité, libre de tout, toujours neuve… Cet instrument va chercher sa caisse de résonance dans l’homme lui-même, ce qui revient à dire que le corps de l’homme EST l’instrument à partir du moment où se fait la connexion entre ces deux éléments, qui alors ne font plus qu’un. Selon moi, la musique nous permet de toucher et ressentir l’absolu, le mystère grandiose et indicible qui est à l’origine de tout ce qui est, et qui est à l’intérieur de nous…
Je fabrique des arcs musicaux depuis 2005, mais la fascination pour ces sonorités dites harmoniques remonte bien plus loin… Le premier choc harmonique conscient est arrivé lorsque j’ai entendu un disque de David Hykes… Mon oreille s’est alors ouverte comme une fleur sous le soleil du printemps… Et puis à force d’écouter, je me suis mis à entendre des harmoniques partout, dans les chants des insectes, le vent dans les arbres, le ressac de la mer… et même dans des bruits de moteurs, de machines, de climatisations etc, etc… Alors j’ai compris que ces sons étaient partout, depuis toujours… Puis en découvrant la guimbarde, le didgeridoo, les bols chantants… Toujours cette sensation d’appartenance… Plus tard, j’ai découvert l’arc en bouche Pygmée « Moungongo », et là, j’ai ressenti quelque chose d’unique, comme un déclic profond, une reconnexion…
Sans y réfléchir, je me suis mis à en fabriquer, et emporté par la passion, je n’ai pas pu m’arrêter… A force d’en faire, le ressenti et la compréhension se sont affinés, autant au niveau du bois, que de la conception, des formes et de la façon d’en jouer… Et ce courant qui me pousse toujours plus loin m’a poussé vers des territoires inconnus, et pourtant si familiers… Quand bien plus tard j’ai mis au point le premier Cosmicbow, et que j’en ai joué pour la première fois, j’ai pris une grosse claque… L’instrument que j’avais toujours espéré dans mon coeur venait de prendre forme, celui qui me permettrait d’exprimer ce qu’il y a au fond de moi et dont j’ai toujours eu l’intuition, mais que les mots n’ont jamais pu qu’effleurer… rarement…